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Migrants toutes catégories

À l’heure des nouvelles technologies de l’information, de la mondialisation marchande et des nouvelles revendications identitaires partout sur la planète, la question migratoire ne peut plus se penser avec les catégories du XXe siècle, analyse le fondateur de l’Université de tous les savoirs, qui plaide pour une redéfinition des termes de la citoyenneté et de la naturalisation des étrangers.

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On parlait autrefois, c’est-à-dire il n’y a pas si longtemps, d’« émigrés », d’« immigrés », de « réfugiés », de « nomades », d’« indigènes », d’« autochtones » et même, quand on était savant, d’« aborigènes ». On ne faisait pas encore le lien avec les touristes, ces immigrés qui paient pour venir et repartent. Non plus qu’avec les colons, ces immigrés qui prennent, là où ils s’installent, le pouvoir, les terres, le commerce et les femmes.

Ces dernières années, le vocabulaire s’est merveilleusement simplifié : il y a des « migrants », des « expatriés » et ce que madame Houria Bouteldja, elle-même indigène de deux pays, appelle des « souchiens », évidemment sans la moindre suggestion d’infériorité animale...

Laissons de côté les expatriés, dont l’analyse est pourtant intéressante car ce sont des immigrés bureaucratiquement reconnus, mi-touristes, mi-colons, installés plus ou moins longuement ici ou là en apportant leurs compétences et en jouissant en retour d’avantages financiers et fiscaux.

La notion de migrant a un grand avantage : elle recoupe à peu près toutes les notions du passé. Son flou permet de jouer sur tous les tableaux : ceux de la durée (repartira-repartira pas ?), du droit (le droit des gens), de la bienveillance (le « prochain » des religions chrétiennes), de l’assistance (charité et business), de l’emploi (la main-d’œuvre bon marché), du commerce (le client des passeurs) – voire de la politique et de la guerre (la horde d’envahisseurs dont Erdogan menace l’Union européenne, les soldats du djihad en mal de rapatriement pour poursuite d’activités).

Un migrant, ce peut être un réfugié persécuté (pour des raisons très différentes), un candidat à l’immigration définitive et au changement de monde, un expatrié resté en contact avec son origine et contribuant à la subsistance de ceux qu’il a quittés et peut-être à leur venue par regroupement, une victime de la traite d’êtres humains mâles ou femelles, un terroriste infiltré par ses commanditaires, un instrument de...