Naval Group
Par Georges Kuzmanovic.
La nouvelle est tombée comme la foudre : le 15 septembre dernier, le groupe français Naval Group, dont les arsenaux historiques ont été fondés par Richelieu, perd l’historique et colossal contrat de 56 milliards d’euros relatif à la vente à l’Australie de douze sous-marins à propulsion conventionnelle de classe Attack. C’est un coup dur pour l’industrie navale française, même s’il est vrai que le projet négocié avec l’Australie était bancal : il s’agissait de vendre des sous-marins conventionnels à partir d’un modèle à propulsion nucléaire. Le contrat dérapait, et le risque de pénalités de retard très lourdes était réel.
Mais la raison de cet échec est bien plus profonde. Elle illustre le manque de vision stratégique industrielle au sommet de l’État et l’incapacité des gouvernants à défendre les intérêts de la France dans un contexte international où seuls les naïfs peuvent encore croire que nos partenaires de l’OTAN ou de l’Union européenne auraient des égards à notre encontre.
Alors que le contrat Naval Group-Australie était annulé, on apprenait que les États-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni et l’Australie concluaient un accord trilatéral stratégique appelé Aukus, dans la zone indo-pacifique, conforme au redéploiement stratégique des forces armées étasuniennes dans cette partie du monde pour contrer l’influence grandissante d’une Chine menaçant son hégémonie. Et ce partenariat s’accompagne… de la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie.
Le dindon de la farce
Tout cela a été annoncé en visioconférence, dans une bonne humeur tout anglo-saxonne, par le Premier ministre australien Scott Morrison, le Premier ministre britannique Boris Johnson et Joe Biden. Encore une fois, on voit confirmé le célèbre adage du général de Gaulle selon lequel les pays n’ont pas d’amis, mais des intérêts. Il serait temps que nous nous en souvenions enfin.
Bien sûr, de telles évolutions stratégiques et de tels contrats d’armement ne se...