Nous et les autres

« Depuis trois ou quatre cents ans que les habitants de l'Europe inondent les autres parties du monde et publient sans cesse de nouveaux recueils de voyages et de relations, je suis persuadé que nous ne connaissons d'hommes que les seuls Européens » écrit Rousseau, faisant écho de manière contrastée à Montaigne, qui aimait dans les voyages l’occasion fertile de « frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui ». Comment allons-nous vers les autres ? Pourquoi, et pour quoi, ce désir de rencontre, quand il n’est pas seulement belliqueux ou marchand ? Tzvetan Todorov a choisi d’intituler son essai sur l’altérité Nous et les autres afin de faire signifier toute l’étendue sémantique du « et », lequel peut signifier avec, contre, chez, pour, sans, comme… Les autres sont là qu’on le veuille ou non, prochains et lointains, et les récits des voyageurs, fussent-ils immobiles, sont autant de moyens de nous pencher sur ce qui nous relie à cet Autre énigmatique.