Nucléaire : qu’est-ce qu’on attend pour avancer ?
Annoncée en grande pompe à Belfort le 10 février 2022, la relance du nucléaire semble patiner. Dérive des coûts, tunnel législatif, multiplication des consultations, ce qui paraissait si urgent hier ne le serait-il plus aujourd’hui ?
Plus de deux ans se sont écoulés, depuis qu’Emmanuel Macron a décidé, le 10 février 2022, de renier la première partie de son quinquennat énergétique. Après avoir été l’un des plus grands fossoyeurs du nucléaire français, entériné l’injustifiable fermeture de la centrale de Fessenheim, gravé dans le marbre de la loi la diminution à 50 % de la part de l’atome dans le mix électrique à l’horizon 2035, le Président français a fait volte-face et annoncé à Belfort un vaste plan de relance du nucléaire. Six nouveaux réacteurs proposés, huit autres supplémentaires dans les cartons, le temps était à l’urgence climatique et énergétique. Mais voilà, que s’est-il passé depuis ? Rien ou si peu, tout du moins en apparence. On ne construit pas des centrales nucléaires comme on construit des boîtes d’allumettes. Le sujet est sensible pour les populations locales et lourdement encadré par la loi et les normes, par les grandes orientations énergétiques inscrites dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). La dernière en date – et toujours d’actualité deux ans après le discours de Belfort – programme une baisse du nucléaire dans le mix électrique français (50 %) d’ici 2035. Le Parlement aurait dû se prononcer sur une nouvelle mouture du texte en février dernier, mais le gouvernement a finalement renoncé. La faute à une absence de majorité clairement identifiée sur le sujet, la gauche étant résolument antinucléaire, la droite antiénergies renouvelables. À la place de la joute politique, Roland Lescure, ministre de l’Industrie et Gabriel Attal, Premier ministre, semblent privilégier une nouvelle formule : une consultation publique de deux mois, qui visera à définir les diverses modalités pour atteindre les futurs objectifs, notamment en matière de renouvelable. Encadrés par la Commission nationale du débat public (CNDP) – dont l’ancienne directrice Chantal Jouano, remplacée en mars 2023, était une opposante notoire...