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Paris : rêves d'Égypte au musée Rodin

Par Marguerite Frison-Roche.

/2022/12/18bis_Egypte


Auguste Rodin a d’abord forgé son esthétique en puisant dans la Grèce antique. Et ce n’est que tardivement que naît son goût pour l’Égypte, lorsqu’il découvre au musée du Louvre les collections des égyptologues. Il est immédiatement fasciné. Pourquoi ? Parce qu’il y trouve ce qu’il recherche dans son art : un type éternel. « Plus que tout, l’Égyptien m’attire, écrit-il. Il est pur. L’élégance de l’esprit s’enguirlande à toutes ses œuvres. » Le sculpteur commence alors à constituer une collection personnelle, qui sera riche de plus de 1 000 pièces datant de l’époque prépharaonique à l’époque arabe. Il recherche auprès de ses « amis de la dernière heure » – comme il aime à appeler ses acquisitions – une nouvelle représentation du corps valorisant la pureté des formes.

Perpétuer l’art

Sa célèbre statue de Balzac, qu’il réalise entre 1891 et 1897 et qu’il voit comme le « sphynx de la France », est ainsi un hommage à la monumentalité de l’architecture égyptienne. D’ailleurs, un critique d’art de l’époque a noté que, de dos, la silhouette de l’écrivain est aussi celle d’un sarcophage. Ce qu’illustre cette exposition, qui présente pour la première fois la fameuse collection et la confronte à des œuvres du sculpteur ainsi qu’à des dessins, des gravures et des photos, c’est l’ambition de Rodin de perpétuer l’art, entre héritage et création : « Un art qui a de la vie ne reproduit pas le passé, il le continue », affirmait-il. À noter que cette exposition s’inscrit dans le programme de commémorations de l’année Champollion – qui a déchiffré la pierre de Rosette il y a deux siècles exactement, en 1822.

Musée Rodin. Jusqu’au 5 mars 2023. musee-rodin.fr