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Penser et écrire la "nature"

Comment les êtres humains ont-ils entrepris de se situer, de se penser au regard de ce qui constitue leur environnement ? Comment écrire cette « nature » à laquelle nous appartenons, et que nous savons, par la parole, mettre à distance et rendre proche ? La littérature et la philosophie, ces deux formes du dire à la fois unies et séparées par une ligne pointillée, considèrent, guillemets à l’appui, la « nature ». Voici, pour nourrir l’interrogation infinie, quelques livres.

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DICTIONNAIRE DE LA PENSEE ECOLOGIQUE
SOUS LA DIRECTION DE DOMINIQUE BOURG ET ALAIN PAPAUX,
ED. PUF, COLLECTION QUADRIGE , 2015

En 357 articles et plus de 1 000 pages, ce dictionnaire propose un large panorama de mots, idées, noms, concepts et notions qui renvoient, de très près et de plus loin, à la question de l’écologie. Comme il est indiqué dans l’avant-propos, un tel livre eût semblé impossible il y a une vingtaine d’années : la pensée écologique est une idée neuve parmi les hommes, et faire un tour d’horizon s’imposait. Mais les auteurs affirment ne pas vouloir « se limiter à un simple état des lieux » : le dictionnaire se présente sous la forme d’un forum, permettant à une pluralité de points de vue de s’exprimer. Certes, les tenants du climatoscepticisme ne sont pas légion, mais il existe une entrée concernant cette position critique.

On peut lire ce fort volume comme on consulte une notice explicative, afin de préciser une idée, découvrir une biographie, clarifier une interrogation. Que recouvre, par exemple, l’expression deep ecology, souvent employée de manière nébuleuse ou approximative ? Qu’entend-on exactement par les mots « effondrement » ou « collapse » ? On peut aussi parcourir ce livre à la manière d’un voyage entrepris dans un paysage choisi, et se laisser happer, au gré des pages et des rencontres, par telle notice, telle entrée, fonctionnant comme une invitation. Ainsi, on trouve François d’Assise, qui appelait « frères et sœurs » les éléments naturels ; on lit avec profit deux articles suggestifs sur le lien entre littérature et écologie, comportant références attendues et propositions originales ; on renoue avec le bon Ivan Illich, disparu des mémoires, et dont les propos pleins d’aménité et d’humanité jouent pleinement le rôle de petite madeleine.

Écologique, écologiste, écologisant, le livre ne manque pas de l’être, sa teinte verte est fort prononcée...