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Pourquoi et comment refonder nos relations avec les pays du Maghreb ?

Immigration oblige, la France a conservé des liens très étroits avec ses anciennes colonies du nord-ouest de l’Afrique. Mais cette relation souffre de bien trop de faux-semblants, de ressentiments et de laisser-aller. Alors que l’on célèbre les dix ans du Printemps arabe, une remise à plat semble plus que jamais nécessaire si l’on veut qu’un dialogue constructif et serein puisse enfin avoir lieu.

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Phénomène mineur et provisoire dans les années 50, à la fin de la période coloniale, l’immigration maghrébine en France (on disait alors « nord-africaine ») est devenue une réalité emblématique, pérenne et cruciale de la société française au début du XXIe siècle. Jusqu’aux années 60, les « Nord-Africains » étaient minoritaires au sein de la grande migration du travail qu’a connue la France depuis 1914, quand celle-ci est passée d’un million d’étrangers à la veille de la Grande Guerre, à plusieurs millions stationnant de façon légale et permanente sur son sol. La guerre ayant décimé une partie de la jeunesse française, les autorités décidèrent de compenser ce manque face à une Allemagne en pleine croissance démographique. Un tournant définitif était pris.

Pourtant, depuis les années 1990, l’immigration maghrébine constitue le centre de gravité de l’immigration et du peuplement d’origine migratoire en France, quels que soient les métiers, les catégories, les tranches d’âges et les critères ciblés. Depuis la décolonisation, Maghrébins et Franco-Maghrébins ont peu à peu rattrapé et dépassé en nombre les immigrés européens des vagues antérieures – en majorité assimilés ou rentrés dans leur pays, à l’instar des Italiens et des Polonais – même si leurs flux n’ont jamais cessé (en témoigne l’arrivée récente d’Espagnols et d’Italiens fuyant la crise). Par ailleurs, les Maghrébins demeurent plus nombreux que les groupes migratoires les plus dynamiques du XXIe siècle, qu’ils soient africains subsahariens, turcs, asiatiques ou russo-ukrainiens.

UNE IMMIGRATION SÉCULAIRE 

L’immigration algérienne a commencé en 1903, à l’initiative du patronat marseillais soucieux de briser la grande grève des dockers. Un petit filet migratoire venu d’Algérie puis du Maroc n’a dès lors plus cessé jusqu’à la guerre d’Algérie (1954-1962). Puis son statut a changé par étapes entre 1954 (début de ce conflit) et 1979 (date de la validation du regroupement familial par le Conseil d’État) : en...