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Pourquoi l'écologie n'est pas populaire

Pour Juan Branco, si l’écologie politique n’a jamais conquis l’électorat ouvrier et s’est attiré les foudres des Gilets jaunes, c’est parce que les verts cachent mal la nature profondément bourgeoise de leur mouvement.

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Avant tout, une pensée holiste, en une époque qui en manque tant : l’écologie est la dernière des idéologies, la seule, encore vivante et remuante, capable d’enserrer le monde entre ses guêtres et de donner un sens, d’apporter une réponse à chacune des problématiques de l’organisation de nos cités.

L’écologie nous met face à une altérité longtemps ignorée : le non-humain, parfois dit « nature », avec lequel la culture forme l’un de ces couples épitomiques qui ont tant marqué l’histoire de la pensée occidentale, c’est-à-dire de notre civilisation. Mais alors qu'elle est apparue sérieusement dans l’espace public dans la deuxième moitié du XXe siècle, il aura fallu attendre le XXIe pour qu’elle soit sérieusement considérée dans l’espace élitaire comme une hypothèse de gouvernement crédible, après que de l’idée fut née une pensée. Il n’est pas donné à tout le monde d’assister à la naissance et à la consécration d’une idée, qui elle-même féconde des sociétés. Aussi, après en avoir lu les figures tutélaires (d’Ivan Illich à Jacques Ellul), installons-nous et voyons dans le détail l’idéologie qui en est issue. Quel est le premier fondement de l’idéologie écologique ? Si l’on s’en tient à ce qui en fait l’attrait pour une grande part de nos concitoyens (et ce qui en a fait notamment la porteuse d’idéologies sous-jacentes tels que la pensée décroissante, l’environnementalisme ou encore l’animalisme), ce fondement est le rapport à l’harmonie.

Avec la prise de pouvoir de l’être humain sur ses soubassements (ces matières fossiles, charbon, pétrole, gaz, qui ne sont rien d’autre, il faut le rappeler, que des couches de putréfaction organique comprimées et rendues, de ce fait, à une nouvelle forme d’homogénéité et de puissance vitale), notre civilisation a connu un élan, non seulement de production mais aussi d’accélération et de prolifération quasi parasitaire, une démultiplication d’enliaisements dont le devenir aporétique...