Covid-19ÉconomieFPContenu payant

Quoi qu'il en coûte

Par Jacques Sapir.

/2021/10/Q_Coute


La crise économique engendrée par la pandémie de Covid est historique et les mesures prises pour limiter la propagation du virus, en particulier les confinements, ont induit un choc récessif sans équivalent au cours de l’époque contemporaine1. De nombreuses publications ont tenté d’estimer l’ampleur de ce choc, mais aussi d’analyser l’efficacité des politiques poursuivies dans les différents pays2 pour le contrer. Classiquement, le gouvernement français a mobilisé des « pouvoirs exceptionnels ». Il en a usé en particulier en décrétant un « état d’urgence sanitaire », annoncé par Emmanuel Macron en mars 2020 avec la promesse d’un engagement total de l’État. Ainsi était établie la ligne politique du « quoi qu’il en coûte ».

Cette position a été assumée entre la fin mars 2020 et mai 2021. Mais comment l’évaluer ? Une question particulièrement importante si l’on veut comprendre le poids résiduel des idéologies et des pratiques en matière de politiques budgétaires et d’action des banques centrales. Elle permet aussi de mesurer comment face à un événement inattendu les responsables politiques réagissent et jusqu’à quel point ils restent, si ce n’est prisonniers, du moins influencés par les conceptions du passé.

Divers rapports émanant du Sénat3, du ministère des Finances4 et d’organismes privés5 se sont essayés à comparer la réponse économique de la France à la Covid avec celle des autres grandes nations industrialisées. Seulement, toutes ces tentatives ont été faites dans l’urgence et manquaient cruellement de données solides. À présent, grâce aux chiffres publiés par le Fonds monétaire international (FMI)6, il est possible de faire une première comparaison internationale digne de ce nom et de réaliser un premier classement, en pourcentage du PIB, des aides et des soutiens décidés dans les différents pays (que ce soit les aides budgétaires ou les aides à la liquidité des entreprises et des banques).

Les mots et les choses

On constate...