Rehabiliter l'assimilation
Dans son dernier essai, Le Rêve de l'assimilation – De la Grèce antique à nos jours, Raphaël Doan, jeune prodige de la politique, se penche sur la conception de l'assimilation au sein de six civilisations distinctes : la Grèce antique, l'Empire romain, le monde arabe médiéval, la France d'avant la décolonisation, le Japon colonial et les États-Unis. Un panorama percutant et érudit, dont chaque page nous renvoie aux problèmes qui agitent la société française contemporaine.
F.P. :
Qu'est-ce qui vous a incité à l’écriture de ce livre et quels sont les objectifs que vous poursuivez ?
RAPHAËL DOAN :
C’est d’abord le sentiment que l’assimilation est au cœur de plusieurs débats brûlants de la société française – l’immigration, l’identité, l’islam, la laïcité – sans qu’elle fasse jamais l’objet d’une véritable réflexion. Certains la condamnent catégoriquement, d’autres refusent de prononcer le mot, d’autres encore se contentent de regretter le temps où l’on assimilait les étrangers, mais sans expliquer en quoi cela consistait concrètement. Comment procédait cette fameuse assimilation ? Était-elle efficace ? Qu’est-ce qui a réussi et qu’est-ce qui a échoué ? Je me suis dit que cela méritait une vraie analyse en repartant d’exemples historiques variés. Or, jamais personne n’avait proposé une étude globale de l’assimilation dans l’Histoire. Mon objectif était de permettre au lecteur de se faire une idée de ce qu’a été l’assimilation à différentes époques et sur différents continents, puis de juger si cette pratique mérite d’être réhabilitée ou non.
F.P. :
Vous présentez successivement six civilisations qui ont selon vous « l’avantage d’illustrer chacune une facette singulière de l’assimilation ». Ne serait-ce pas aussi parce qu’elles permettent plus facilement de renvoyer aux problèmes aigus auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés ?
RAPHAËL DOAN :
Oui, bien sûr. Il y a deux raisons de faire de l’Histoire : soit par pure curiosité, celle de se plonger dans un monde totalement révolu – et c’est parfaitement légitime –, soit pour essayer d’éclairer nos propres problèmes, ce que j’essaye de faire dans ce livre. Il ne s’agit pas de dire que le passé se répète, car les circonstances ne sont jamais les mêmes. Mais je suis persuadé que les citoyens et les gouvernants gagnent à connaître les expériences passées pour résoudre les problèmes nouveaux qui se posent. Et plus le spectre qu’on balaie est large, plus on...