Remettre le monde agricole sur pied : les sept propositions d’un agriculteur
Au début de l’année 2024, le mouvement des agriculteurs est entré dans un bras de fer avec le gouvernement par syndicats interposés. Un coup d’épée dans l’eau pour Philippe Grégoire, qui considère que le problème des agriculteurs est devenu systémique. Nous lui avons laissé carte blanche.
1) Reconquérir notre souveraineté alimentaire
Ce point est fondamental et concerne l’ensemble de la nation, pas simplement les agriculteurs. Nous sommes aujourd’hui dépendants à hauteur de 25 % de la nourriture importée en global et être dépendant dans ce domaine est dangereux. L’alimentation est une arme de guerre économique, les exemples de famines organisées sont légion dans l’histoire. Nous importons : 71 % des fruits, 28 % des légumes, 47 % des poulets, 23 % de notre viande bovine, 63 % des protéines, 56 % des moutons, 26 % des porcs, 30 % des produits laitiers.
Cela pose bien sûr un problème. Or, cette logique libre-échangiste est inscrite dans le cœur nucléaire de l’Union européenne, au moins depuis l’Acte unique européen (1986). Cette Europe néolibérale organise la mutualisation des prix et des salaires entre des pays dont les niveaux de vie et les coûts du travail n’ont aucun rapport, ce qui conduit mécaniquement à une élévation des revenus faibles dans les pays pauvres et, de facto, à une baisse ou une stagnation des revenus dans les pays riches – le fameux problème du « plombier polonais » appliqué à l’agriculture. Pour cela, il est impératif de contester l’Europe de Maastricht qui impose son diktat sur les nations européennes. Il faut sortir des traités de libre-échange et revenir sur le modèle de l’Organisation internationale du commerce (OIC) et à la charte de La Havane (1948). Signée par cinquante-trois gouvernements, rappelons qu’elle n’a pas été ratifiée par le Congrès des États-Unis et que l’OIC est morte dans l’œuf de ce fait au profit du GATT, devenu l’OMC en 1995. Cette charte – où on chercherait en vain l’expression « libre-échange » – propose un modèle vertueux qui permettrait l’équilibre de la balance des paiements entre les États et l’interdiction de la spéculation. Dans la mesure où on valorise les...