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Rencontre unique avec deux ex-Insoumis

Ils appartenaient tous les deux à La France insoumise, avant d’en claquer la porte. Georges Kuzmanovic a monté son propre parti souverainiste, Andréa Kotarac a rejoint le Rassemblement national. Sur la question de l’immigration, comme au-delà, cette interview croisée est l’occasion de comprendre leurs points de convergence ainsi que leurs divergences.

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F.P. : Avant la crise du coronavirus, vous avez tous les deux décidé de quitter La France insoumise, pourquoi ?

Georges Kuzmanovic : Pour ma part, cela remonte à presque deux ans. C’est consommé. Le 23 mars dernier, nous avons fêté le premier anniversaire de la création de République souveraine. Au moment de mon départ, en novembre 2018, je m’étais clairement exprimé sur mes raisons dans les colonnes de Marianne : j’ai quitté La France insoumise principalement parce que ce qui en avait fait la force lors de la campagne présidentielle de 2017 était mis au second plan. Je parle de la nécessité de reconquérir la souveraineté sous toutes ses formes et de la critique radicale de l’Union européenne – à changer ou à quitter. Ce virage qui, à l’époque, n’était pas forcément évident de l’extérieur, s’expliquait par la perspective des élections européennes de 2019, Jean-Luc Mélenchon ayant décidé de troquer la stratégie de la rupture populiste pour celle de l’hégémonie à gauche, qui lui permettait de renouer le dialogue avec le PS, les Verts, Génération.s, etc. Comme je l’expliquais dans Le Monde, j’ai considéré que cette stratégie était suicidaire. L’autre raison tient à la dérive communautariste de La France insoumise. Alors qu’en 2017, la ligne était strictement laïque et républicaine, la pression des éléments gauchistes a conduit le mouvement à des compromissions face à des conceptions politiques incompatibles avec les valeurs de la République, qui culmineront avec la marche du 10 novembre 2019 contre l’islamophobie.

Andréa Kotarak : Nous avons quitté La France insoumise pour des raisons semblables. Toutefois, pour ma part, mon départ se faisait d’autant plus nécessaire que je voyais le Rassemblement national formuler de vraies propositions en faveur du peuple. Plus la FI s’éloignait des combats qui me semblaient justes, plus le RN s’en approchait. La FI avait clairement...