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Revues scientifiques : la guerre des influences

Avec la crise de la covid, le grand public a découvert la considérable influence des revues scientifiques, leur intérêt, mais aussi leurs terribles failles. À cet égard, l’affaire du Lancet a marqué tous les esprits. Et pourtant, elle pourrait n’être que l’arbre qui cache la forêt.

/2022/03/19_revues sciences


Le 22 mai 2020, le célèbre journal scientifique britannique The Lancet publie une étude selon laquelle l’hydroxychloroquine n’a aucun effet bénéfique pour traiter la covid-19(1). L’article semble solide : il respecte les protocoles de publication scientifique, prend en compte des données émanant de 671 hôpitaux de tous les continents, s’appuie sur des tests statistiques sérieux et a été relu par des reviewers avant validation. Quatre auteurs signent l’article : Mandeep R. Mehra, professeur de médecine à Harvard, Frank Ruschitzka, de l’université de Zurich, Amit N. Patel de l'université de l'Utah et Sapan S. Desai, chirurgien et homme d’affaires de Chicago, directeur de l’entreprise américaine Surgisphere ayant fourni et analysé les données.

Trois jours plus tard, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) suspend en conséquence le volet « hydroxychloroquine » de son essai clinique Solidarity, lancé dans plus de 100 pays en mars de la même année, pour comparer l'effet de divers traitements sur des malades hospitalisés du covid. En revanche, après une évaluation menée le 29 mai, l’Agence européenne du médicament annonce qu’elle continue d’inclure ce médicament dans son essai Recovery(2). Il faut dire qu'entre-temps, le 26 mai, le professeur Raoult, directeur de l'Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses (IHU) de Marseille, a publié un tweet affirmant que l’étude du Lancet contenait pour le moins des « données fausses », si ce n’est « manipulées ». À quoi s’est ajoutée, le 28 mai, une lettre ouverte de plus de 120 scientifiques(3), dont certains sont des chercheurs de renom à Harvard ou à l’Imperial College de Londres(4), qui ont émis également de fortes réserves, accusant le Lancet de ne pas fournir suffisamment d’informations sur les données publiées, et s’interrogeant sur le nombre de cas agrégés.

Le 30 mai, le Lancet publie un correctif(5) : les données d’un hôpital asiatique indûment classé comme australien sont réaffectées, et une erreur de légende, relevée par...

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