Sculpter le peuple — Anatomie d'une machine gaulliste
Sous-texte : À Paul Melun, pour le moment venu
Le général de Gaulle a fait face à cinq attentats au cours de son existence politique. Le plus célèbre étant celui du Petit-Clamart. Un sixième a eu lieu qui a eu raison du gaullisme, il a été perpétré contre son œuvre, la Constitution de 1958, par des antigaullistes d’autant plus détestables que certains se présentaient comme ses partisans – je songe à Chirac et aux chiraquiens bien sûr...
Ce coup fatal fut porté par le traité de Maastricht (1992) qui fit de l’abandon de la souveraineté nationale l’ultime décision de la souveraineté nationale. C’était en son sens étymologique un suicide tout de même guidé par la main de François Mitterrand qui voyait là l’heure enfin venue d’abattre le général de Gaulle, une obsession qui fut la seule véritable conviction de son existence : en finir avec plus grand que lui afin de croire que son nanisme pourrait ainsi passer pour du gigantisme.
Dans une conversation qu’il eut avec Jean-Pierre Chevènement, alors un homme situé sur l’aile gauche du Parti socialiste aujourd’hui devenu macroniste, c’est-à-dire maastrichtien, Mitterrand dit : « Je ne crois pas qu’à notre époque la France, hélas, puisse faire autre chose que passer à travers les gouttes. » C’était en 1974, peu avant le congrès de Metz, or cet homme aspirait à gouverner la France. Il se voulait un destin de parapluie ; il ne l’eut même pas ; il fut juste une ombrelle mitée.
On mesure toute la rouerie d’un homme qui affirme une pareille chose et se présente pourtant aux élections en 1974, les gagne en 1981, se représente sept ans plus tard en 1988, malgré un cancer qui l’affaiblissait considérablement. Il se montrait alors coupable d’un renoncement au socialisme deux ans après son arrivée au pouvoir, en mars 1983, en même temps que d’une instrumentalisation du Front...