Simon, le vigneron
Vers l’âge de 30 ans, Simon Batardière a changé de vie, abandonnant le saxophone pour des arpents de vigne. Une décennie de labeurs plus tard, le succès est là. Stéphane Simon est allé à sa rencontre et a aimé son idée certaine du vin et de la vigne, à moins que ce ne soit sa « certaine idée du vin et de la vigne ».
Comme tous les humbles, Simon Batardière ne vous regarde pas tout de suite droit dans les yeux. L’homme est réservé. En plus, il se méfie des médias. Un peu moins de Front Populaire, évidemment, car il s’y est abonné tôt. Alors forcément, aller à sa rencontre chez lui, en Anjou, lui a fait plaisir. Puis, comme à tous ceux qui s’intéressent à lui, il a ouvert son regard doux, comme une invitation à la confiance. Simon est un vigneron qui adore sa vie. S’il passait son temps sur Instagram, il posterait chacune de ses photos au milieu des vignes ou au chai avec, en légende, #jaimemontravail.
Ce n’est pas tant le contact de la nature qui lui plaît – un cliché pour bobo en insuffisance d’oxygène – que de pouvoir « faire ses choix », « être son patron », même si sa vie ressemble comme une sœur jumelle à celle d’un ouvrier agricole. « Penser qu’on vit heureux parce qu’on est au milieu des petits oiseaux et des fleurs, c’est une idée fausse, explique-t-il. Un vigneron doit savoir faire de la mécanique, surveiller ses cuves, regarder les maturations, passer du temps dans le chai. Cela n’a pas grand-chose à voir avec une vie de bon sauvage. »
Pour autant, Simon, qui a appris sur le tas et sur le tard la vigne, ne « retournerait pas dans un bureau éclairé à l’halogène », pas plus que dans ces salles de concerts sombres et poisseuses qui l’ont connu joueur de jazz. Il préfère le travail de la terre, faire les choses « à sa manière », selon son emploi du temps, atypique, qui ne connaît pas les pauses, les RTT ou les vacances : « Le métier de vigneron ou de paysan, c’est un rythme déconnecté de ce que la télévision ou les réseaux sociaux montrent en exemple, remarque-t-il. Peu de gens...