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Sortir de l'impasse démographique

Pour Antoine Buéno, le nombre croissant d’êtres humains sur Terre est une cause majeure de la crise environnementale en cours et pourrait précipiter l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle. L’auteur plaide pour une politique de dénatalité au niveau mondial, qui serait menée « dans un mouvement conciliant droit des femmes et droit de la planète ».

/2021/06/impasse demographique

Depuis les années 1980, la démographie fait figure d’angle mort dans le débat sur la protection de l’environnement, alors que cette question se trouvait au cœur de la pensée écologiste des années 1960 et 1970, avec, en point culminant, La Bombe P, le best-seller mondial de Paul Ehrlich, paru il y a exactement cinquante ans. L'auteur avançait l’hypothèse que la surpopulation conduirait immanquablement à des catastrophes humanitaires.
Le raisonnement était simple : plus nous sommes nombreux, plus nos besoins sont importants et moins la nature peut y pourvoir. Dans le même ordre d’idée, on pouvait lire dans le rapport Meadows de 1972, intitulé Les Limites à la croissance, véritable acte fondateur de l’écologie politique : « Une croissance exponentielle ne peut jamais continuer très longtemps dans un contexte d'espace et de ressources finis. » Pourtant, aujourd’hui, la démographie n’est plus du tout identifiée comme un problème par les tenants du discours écologiste dominant. Car pour eux, en vertu d’un revirement idéologique à 180°C, ce n’est pas le nombre qui compte, mais le mode de vie.

DÉMOGRAPHIE ET ENVIRONNEMENT

Ce refus du néomalthusianisme est certes justifié par un argument clé : la taille de la population n’a pas d’effet mécanique sur les atteintes à l’environnement. Les Occidentaux n’ont-ils pas déréglé le climat alors qu’ils ne représentaient qu’un sixième de l’humanité ? Autrement dit, si nous vivions tous comme des Éthiopiens, nous pourrions être 10 milliards sur Terre sans altérer l’écosystème. Conclusion des écologistes contemporains : rien ne sert de limiter les naissances, ce qu’il faut, c’est changer notre mode de vie. En un mot, le rendre durable.Fort de ce constat, on compte uniquement aujourd’hui sur l’économie pour lutter contre la crise écologique. C’est tout l’enjeu de la « transition environnementale », censée permettre à la croissance économique de devenir durable grâce à la conjonction de trois transitions : la transition...