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Souverainisme ou vassalisation

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Orwell nous avait prévenus : quand les mots ne veulent plus rien dire, voire pire, quand ils signifient le contraire de leur sens véritable, alors nous vivons à coup sûr dans un dispositif tyrannique d’un nouveau genre. J’ai raconté les mécanismes de ce nouveau totalitarisme dans Théorie de la dictature

On sait que, dans le régime totalitaire de La ferme des animaux, la guerre c’est la paix, le mensonge c’est la vérité, le laid c’est le beau, l’oubli c’est la mémoire, la barbarie c’est la civilisation, la dictature c’est la liberté, la défiance c’est la confiance, etc. Autrement dit: le mal, c’est le bien.

C’est dans cette perspective qu’on peut se demander comment le beau mot souverain, puis celui qui en procède, souverainisme, ont pu devenir des épithètes dépréciatives, des insultes, des mots utilisés pour flétrir, salir et insulter¹. Car, on le sait, en régime tyrannique, le souverainisme c’est le fascisme, autrement dit: la liberté c’est la soumission! Comment en sommesnous arrivés là ?

En 1900, dans La culture des idées, Remy de Gourmont met au point une méthode dite de « dissociation des idées ». Il propose de déconstruire les lieux communs véhiculés par des associations de mots apparemment signifiantes, mais véritablement fautives parce que totalement idéologiques. Comme au temps de Léon Bloy, notre époque a ses lieux communs, elle se roule en eux avec délectation comme le cochon dans la fange.

Parmi ces faux mariages qui constituent autant de vraies propagandes² : l’association de l’Europe au libéralisme de Maastricht qui permet aux thuriféraires de cette fiction devenue réalité depuis 1992 de conclure que quiconque n’est pas pour l’Europe maastrichtienne est contre toute forme d’Europe.

Puis, corrélat obligé, l’association du nationalisme à la guerre : défendre son pays, ce serait être nationaliste, or être nationaliste c’est vouloir la guerre !...

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