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Statistiques officielles : des progrès, mais peut mieux faire !

En France, le débat sur l’immigration étrangère demeure très pollué par une difficulté constante à se représenter le phénomène au moyen de quelques statistiques simples, comme le font les pays du nord de l’Europe avec leurs registres de population. Pourtant, nos statistiques officielles, malgré leurs imperfections manifestes, ont fait ces dernières années quelques progrès.

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En 1993, le ministère de l’Intérieur a introduit une application informatique centralisée dénommée Agdref (Application de gestion des dossiers de ressortissants étrangers en France), censée harmoniser l’enregistrement des procédures dans les préfectures jusqu’à la fabrication du titre de séjour. Conçue pour améliorer la gestion, cette application centrale permettait aussi, malgré ses raideurs, de produire des statistiques établies selon des normes identiques dans toutes les préfectures. Une grande partie des petits cahiers sur lesquels les agents compilaient des données ont ainsi pu être éliminés. Nous disposons donc à présent du nombre des premiers titres de séjour délivrés chaque année aux personnes tenues d’en détenir pour séjourner en France. Mais au fil du temps, le champ des pays concernés s’est rétréci, d’abord en 2004 (lorsque les pays de l’Union européenne ont été dispensés de l’obligation de détenir un titre de séjour), puis, au fil des élargissements de l’Union.

Les données ainsi produites aujourd’hui ne portent donc pas sur l’ensemble de l’immigration étrangère en France, mais sur celles en provenance de pays tiers à l’Espace économique européen et à la Suisse. Elles donnent une idée des entrées en France à travers la délivrance des premiers titres de séjour, tout en sachant que l’étranger qui reçoit le titre a pu arriver en France avant l’année de délivrance du titre. C’est le cas, par exemple, des mineurs qui ne sont pas astreints, comme en Suède, à détenir un titre de séjour et n’en auront un qu’à leur majorité ou à l'âge de seize ans s’ils souhaitent travailler, sauf s’ils ont acquis la nationalité française en même temps que leurs parents d’ici là. Les mineurs isolés dont on parle tant ne sont donc pas comptés via l'Agdref lors de leur arrivée. Les demandeurs d’asile non plus, tant qu’ils n’ont pas obtenu un titre de séjour, soit...