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Truss, Macron : le naufrage des politiques oligarchistes

Des deux côtés de la Manche, cet automne a été celui de l’échec des recettes économiques néolibérales avec, au Royaume-Uni, une Première ministre qui doit démissionner après être entrée en fonction quelques semaines auparavant et en France, un déficit commercial qui pulvérise des records historiques, à 150 milliards d’euros sur les douze derniers mois contre 85 en 2021. Preuve de l’aveuglement de Liz Truss et Emmanuel Macron, même les marchés ont anticipé ce fiasco.

/2022/12/15_Truss


Si les marottes des années 1980 ont permis à Liz Truss de prendre la tête du parti Tory en septembre dernier, son programme de baisse massive des impôts a fait plonger les cours et imposé à la Banque d’Angleterre d’intervenir. Rappelons que l’éphémère occupante du 10 Downing Street proposait de supprimer la dernière tranche marginale d’imposition sur les revenus supérieurs à 150 000 livres par an, et de revenir sur le projet de hausse de 19 à 25% de l’impôt sur les sociétés, mis en place par son prédécesseur Boris Johnson pour financer les services publics, le tout agrémenté de mesures de déréglementation. Il y a quelques années, les milieux financiers auraient sans doute applaudi un tel programme, dont ils sont les principaux bénéficiaires, comme avec Reagan, Thatcher, Bush,

Trump ou Macron

Mais en 2022, même les marchés comprennent qu’il n’y a pas de ruissellement et que ces baisses d’impôt ne font que creuser les déficits, sans soutenir la croissance, l’argent ainsi distribué ne revenant qu’à une infime minorité qui l’épargne le plus souvent… D’où l’envolée des bons du Trésor britanniques, de 2 à 4,5% et la chute de la livre à un plus bas historique face au dollar. L’économie britannique a semblé au bord du gouffre, entre panique financière et alerte du FMI, rappelant les années 1970. Résultat de cette débâcle, Liz Truss a fini par complètement revenir sur son plan, avant de démissionner devant la fronde des députés et des ministres, qui ont bien compris qu’elle ne pourrait les mener qu’à un naufrage électoral en prenant une telle direction.

Si la France n’a pas connu de telle panique, c’est peut-être uniquement une question de temps. Macron, par sa position centrale sur l’échiquier politique, et le fractionnement de son agenda, n’a pas provoqué une telle réaction des marchés. Pourtant,...