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Une menace réelle pour la paix publique

"Les faits sont têtus, et on ne peut même plus s'arranger avec les statistiques", citation apocryphe revisitée par Mark Twain À partir de chiffres issus de sources diverses, il existe des moyens de visualiser l’ampleur de la criminalité dans notre pays et d’isoler les situations permettant de comprendre les grandes évolutions en cours. Ces données mettent au clair un profond mouvement de retour de la violence physique.

/2021/08/3-une menace reelle

Des « grandes compagnies » aux « cours des miracles », des « apaches » aux « squats », des « sauvageons » aux « cités », une constante répétition de phénomènes criminels interpelle la société, les médias et les responsables politiques.

Mais comment quantifier cette réalité ? Il existe plusieurs outils, à commencer par celui, relativement ancien (1972), de la statistique administrative, qui tient le compte des plaintes enregistrées par les services de sécurité (police, gendarmerie…) et le décompte de leur activité d’initiative. Hélas, tous les faits répréhensibles ne font pas l’objet d’une plainte, toutes les plaintes ne sont pas enregistrées et le vol d’un bonbon n’est pas égal à un assassinat, ce qui fait que le chiffre brut n’a que peu d’intérêt, en tout cas sur un temps bref.

En 2007, on y a ajouté un autre dispositif, moins sensible à l’administration : l’Enquête nationale de victimation, qui permet de suivre la situation des victimes et de découvrir l’écart entre le réel connu et le réel vécu. On peut compléter par la statistique sur les entrées aux urgences et les morts violentes enregistrées par l’état civil, pour approcher plus sereinement l’état de violence d’une société.

Depuis que François Ier a imposé un état civil, on dispose en effet d’un outil qui s’est précisé au fil du temps et qui, en période de paix, détermine de manière stable le niveau ultime de la criminalité : l’homicide, crime en somme le mieux mesuré, le plus souvent rapporté à la police, le moins ignoré des populations.

PILLAGES, DUELS ET RIXES

En France, l’homicide a été regardé par la société de manière bien différente au cours de l’Histoire. Ainsi au Moyen Âge, il s'agissait d’un phénomène omniprésent, dont les brigands ou les classes populaires n’avaient pas l’apanage puisque les seigneurs féodaux usaient eux aussi des armes pour asseoir leur pouvoir. L’homicide pouvait alors apparaître comme un mode...