Vers l'hiver énergétique : merci la gauche !
C’est l’histoire d’un désastre industriel, du prix de l’énergie qui s’envole et d’une humiliation française. Depuis vingt-cinq ans, la gauche au pouvoir, qu’elle ait eu pour nom Lionel Jospin, François Hollande ou Emmanuel Macron, a appliqué une doctrine folle en matière de nucléaire civil, celle d’un tout petit parti, Europe Écologie-Les Verts. Bertrand Guyot refait le film de cette terrible compromission.
Pauvre Allemagne, contrainte de prolonger ses derniers réacteurs nucléaires… Le 27 septembre dernier, Robert Habeck, ministre allemand de l’Économie et du Climat, a annoncé, lors d’une conférence de presse à Berlin, que la centrale Isar 2 (près de Munich) et celle de Neckarwestheim (au nord de Stuttgart) resteraient, à son plus grand regret, « branchées jusqu’au premier trimestre 2023 ». En cause, selon lui, « la situation plus mauvaise que prévu en France ». D’après cet éminent écologiste, ancien coprésident du parti Vert allemand, l’Energiewende (la politique énergétique qu’il est censé appliquer et qui acte la sortie du nucléaire de son pays) est compromise aujourd’hui à cause des déficiences… du parc nucléaire français ! Robert Habeck n’est-il pas ici ce que l’on pourrait qualifier trivialement de « gonflé » ? Car non seulement son excuse est absurde mais en plus, il fait mine d’oublier que la responsabilité de son parti est immense dans le fiasco actuel. Depuis vingt-cinq ans, ce sont bien les Verts allemands qui ont incité leurs homologues français à obtenir de la gauche française qu’elle rejette le nucléaire. Une doctrine suicidaire dont nous n’avons pas fini de payer la facture, puisqu’Emmanuel Macron l’a lui-même suivie pendant son premier quinquennat…
En 1995, l’histoire était pourtant loin d’être écrite. Dominique Voynet est alors candidate à la présidentielle pour les Verts. Sur l’affiche de la campagne, on lit « Oser l’écologie et la solidarité, ça change tout ». La question énergétique est, sans surprise, présente dans son programme, lequel projette de « sortir du nucléaire en favorisant les économies d’énergie et les énergies renouvelables ». Des arguments insuffisants pour séduire l’électorat : la candidate ne recueille que 3,32 % des suffrages exprimés à l’issue de cette élection remportée par Jacques Chirac. Difficile alors d’imaginer qu’avec ce score – qui ne rembourse même pas ses frais de campagne – Dominique Voynet aura, deux ans...