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Vladimir Poutine est-il de droite ou de gauche ?

Fin connaisseur du monde russe, Jacques Sapir identifie plusieurs périodes dans le règne du maître du Kremlin, dont il n’hésite pas à reconnaître une certaine ressemblance avec le général de Gaulle, mais aussi quelques manquements en matière démocratique.

/2021/11/21 Poutine


À la fin des années 1980, il était d’usage en Union soviétique de considérer qu’on était « de droite » quand on défendait le système soviétique, et inversement « de gauche » quand on aspirait à son effondrement1. Quarante ans plus tard, on aurait tort de réduire la cartographie politique russe à ce simple clivage. Car entre-temps, bon nombre de ceux qui participèrent à la destruction de l’URSS, tels que Iegor Gaïdar (qui fut Premier ministre en 1992 de la toute jeune Fédération de Russie) ou Anatoli Tchoubaïs (vice-Premier ministre entre 1997 et 1998) ont montré qu’ils n’avaient aucun goût pour la démocratie et n’étaient certainement pas des hommes de gauche.

En 1993, on les vit en effet dissoudre le parlement de Russie (qui avait pourtant été démocratiquement élu) puis truquer tous les scrutins qui suivirent jusqu’à l’élection de 1996 (laquelle vit le mandat de Boris Eltsine renouvelé), sans jamais d’ailleurs s’émouvoir du nombre record de journalistes tués alors dans le pays. J’avais d'ailleurs personnellement qualifié ces soi-disant libéraux de « libéral-stalinistes » en raison de leurs nombreuses ressemblances avec l’idéologie des années 1930 (à cette nuance près qu’ils s’employèrent à privatiser une bonne partie des biens de l’État au profit d’une minuscule élite financière).

Un ancien du KGB

Dans ce contexte, où situer Vladimir Poutine ? Certes, le Président russe fut proche dans les années 1990 de certains de ces politiciens et travailla notamment pour le maire (élu en 1991) de Saint-Pétersbourg, Anatoli Sobtchak, qui représentait, parmi les « libéraux », le courant dit « pragmatique » face aux « idéologues » proches de Gaïdar. Toutefois, pour être passé par le KGB, Poutine avait déjà une image de fidèle serviteur de l’État. Retenons à cet égard la formule dont il usa, dans les années 2000, pour décrire l’URSS, et qui dit tout de sa nostalgie soviétique : « Un système glorieux, un système tragique,...