Yougoslavie
Au début des années 1990, la Yougoslavie est un pays en crise. Depuis la mort de Tito, cet assemblage fragile de « six républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti » peine à trouver un second souffle. Croates, Slovènes et Bosniaques aspirent à davantage d’autonomie. Les Serbes cherchent de leur côté à renforcer l’autorité du pouvoir fédéral dont ils ont progressivement pris le contrôle. La paralysie des institutions, le lent délitement du parti communiste et la montée des difficultés économiques contribuent à exacerber les nationalismes.
La chute du rideau de fer ne fait que précipiter les choses. La réunification allemande et la dislocation de l’URSS bouleversent la donne en Europe centrale. Tandis que la Croatie et la Slovénie, sachant pouvoir compter sur le soutien de Berlin et du Saint-Siège, envisagent de plus en plus ouvertement de déclarer leur indépendance, le nouveau président serbe Slobodan Milosevic verrouille de façon autoritaire son emprise sur la Fédération et promet à ses compatriotes qu’« on ne leur fera plus de mal ».
Le 25 juin 1991, la Slovénie annonce unilatéralement sa sécession de la Fédération yougoslave. Zagreb lui emboîte le pas. Redoutant de perdre ses droits politiques, la minorité serbe de Croatie, mobilisée depuis sa « révolution des Rondins » de l’année précédente et organisée depuis le mois de mars en une République serbe de Krajina, prend les armes au cours de l’été et demande son rattachement à la mère patrie. De la Slovénie à la côte adriatique, c’est tout le sud-ouest du pays qui s’embrase.
Les Serbes ont été profondément traumatisés lors de la Seconde Guerre mondiale par les atrocités commises en Croatie par le régime collaborateur et raciste de l’« oustachi » Ante
Pavelic. Or le président Franjo Tudjman, ex-communiste devenu au fil des ans ultranationaliste et antisémite, ne fait rien pour les rassurer :...