Netflix, les minorités et l’art officiel
Symboles de l’aplatissement culturel du monde globalisé, Netflix et les plateformes de streaming vidéo étendent leur influence, mais aussi leur toile idéologique – la religion de l’inclusivité – dans le cerveau des peuples.
Les grandes plateformes de streaming font leur rentrée 2023 en poursuivant les séries à succès : Les Anneaux de pouvoir (Amazon), Lupin et La Chronique des Bridgerton (Netflix). Pour obtenir la première place, elles redoublent d’efforts et succombent, série après série, à l’idéologie woke. Cette dernière, que le professeur Jean-François Braunstein définit comme la « nouvelle vision globale du monde qui insiste sur des identités figées et victimaires, pour lesquelles il faudrait accorder une plus grande place » révolutionne le rapport à la fiction. En prétendant qu’il s’agit désormais de mieux refléter le réel dans la fiction, les minorités militantes tentent de façonner insidieusement une nouvelle société. Elles considèrent que la fiction doit refléter la société, évidemment composée de différents groupes, pour mieux promouvoir ceux jugés minoritaires et faire la part belle aux différences ; fuite en avant par définition sans fin…
Capitalisme woke
Au XVIIe siècle, la bienséance (pas de meurtre sur scène) et le principe des trois unités (de temps, de lieu et d’action) réglaient la fiction. Aujourd’hui, ce sont les critères woke qui règnent. Toutes les séries reposent désormais sur les impératifs de représentation des minorités selon l’ethnie, l’orientation sexuelle, le genre, le régime alimentaire, le handicap ou encore la morphologie. Il n’existe plus un scénario sans quota. Aucune loi écrite (jusqu’à présent) n’oblige à se contraindre de la sorte, mais les minorités militantes intimident, voire terrorisent intellectuellement : si elles n’ont pas le pouvoir d'interdire, elles peuvent créer le scandale. C’est une censure qui ne dit pas son nom. On doit désormais louer les minorités consacrées pour ce qu’elles sont, comme le monarque autrefois. Pour conserver un public souvent volatil et augmenter le nombre de consommateurs, il faut se plier aux caprices de l’époque. Les plateformes s’imposent alors des quotas par série, mais non au sein de leurs équipes de...