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Immigration : le vieux serpent de mer de l’harmonisation

Parmi tous les dossiers européens dysfonctionnels, celui de l’immigration fait figure d’archétype. Harmoniser les politiques migratoires de pays qui ne vivent pas ce phénomène de la même façon de par leur géographie et leur histoire, a tout du vœu pieux. Mais l’UE persiste…

/2023/03/levy-rp


Le dossier migratoire continue de diviser les Vingt-Sept, et cela pourrait bien s’aiguiser encore en 2023. Le pic de la crise s’était produit en 2015-2016, quand près de 1,5 million de réfugiés étaient arrivés sur le Vieux Continent, notamment en provenance d’Afghanistan, de Syrie et plus généralement du Moyen-Orient. Après une décrue liée, entre autres, aux restrictions de circulation pour cause de Covid-19, les flux sont repartis à la hausse. Depuis janvier 2022, l’agence Frontex, chargée de surveiller les « frontières extérieures » de l’UE, a dénombré 281 000 entrées illégales, soit une augmentation de 77 % sur les dix premiers mois. Sur ce total, la route des Balkans a vu passer 130 000 personnes, soit + 168 %, et celle qui transite par la Méditerranée centrale, 90 000, soit +59 %. Pour sa part, l’Italie affirme avoir dû accueillir 94 300 migrants entre janvier et novembre, à comparer aux 62 000 en 2021, et 35 000 en 2020. Le gouvernement dirigé par Giorgia Meloni déplore que les mécanismes actuels de « relocalisation » entre États membres ne fonctionnent pas. C’est dans ce contexte qu’avait éclaté, en novembre, la crise diplomatique aiguë entre Paris et Rome : la France avait finalement laissé débarquer à Toulon les 234 naufragés recueillis par le navire d’une ONG qui avait fait, sans succès, le forcing pour accoster en Italie. En rétorsion, Paris avait stoppé la relocalisation promise de 3 500 migrants actuellement installés en Italie.

Mais à peu près au même moment, l’Allemagne procédait à une révision de ses lois sur l’immigration, avec pour objectif affiché d’attirer des travailleurs issus des pays tiers, conformément… aux demandes du patronat d’outre-Rhin. Berlin vise une sorte de permis à points sur le modèle canadien, sélectionnant et facilitant les arrivées. Le contraste entre l’approche de Rome et celle de Berlin illustre un des...