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Aux armes, citoyens ? De la violence en politique

Chacun constate le recours de plus en plus systématique à la violence en politique. Qu’elle provienne en premier lieu du pouvoir en place ou de ses opposants, on aimerait savoir s’en passer. Mais tant va la cruche à l’eau… D’un côté, l’évocation d’une colère légitime, de l’autre, l’écueil illicite d’un appel à sédition. Voici un numéro de funambule.

/2023/06/17_violence


Sainte-Soline, Deux-Sèvres, les 25 et 26 mars 2023. En opposition à l’installation de mégabassines, environ 15 000 personnes se rendent sur place et entrent en conflit direct avec les 3 200 représentants des forces de l’ordre qui ont été déployés. Une rare violence se déchaîne de part et d’autre et devient vite ad personam, dans le seul but d’en découdre. Les victimes sont nombreuses, les arsenaux impressionnants, une vraie zone de guerre. À ce stade, le drame excède la seule question de l’efficacité des mégabassines. Il touche à présent les raisons et la pertinence d’une telle fureur sociale.

Les Français aspirent à être bien gouvernés. Si cela va d’ordinaire sans le dire, à notre époque, cela va beaucoup mieux en le disant. On leur martèle le cerveau du mot « démocratie », tant et si bien qu’ils finissent par y croire. Dans les premières années de la Ve République, la France avait à sa tête un véritable chef d’État en la personne du général de Gaulle. Non sans reproches, il était au moins garant et jaloux de la souveraineté nationale et, dans une certaine mesure, de la souveraineté populaire par le truchement du référendum. De Gaulle a marqué à jamais les mémoires parce qu’il assumait le fait que le bon sens préexiste à toutes les lois, que le légal est au service du légitime et qu’il ne faut jamais risquer d’opposer l’un à l’autre. Lorsqu’il a senti qu’il n’était plus légitime, il a quitté le pouvoir.

Emmanuel Macron a été réélu légalement en 2022. Quoi qu’en pensent ses derniers soutiens, au regard de l’immense majorité des Français (les trois quarts) qui ne l’ont jamais reconnu comme leur chef, il n’est pas légitime. Les Gilets jaunes ont été, de ce point de vue, un mouvement précurseur. Le « moment Gilets jaunes » est celui où le légitime est venu vigoureusement...