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Twitter, l'empire des minorités digitales

Il est au centre de la vie politique et médiatique. On y croise le meilleur et le pire. Côté pire, on y harcèle en meute, on y démolit des carrières ou des vies dans des procès virtuels redoutablement réels. Le réseau social Twitter exerce aujourd’hui une influence politico-médiatique sans précédent sur le débat public français, alors qu’il ne représente qu’une très faible part de la société.

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Ce couple de chasseurs ne s’attendait sans doute pas à pareille tempête médiatique quand il posta sur ses réseaux sociaux les photos de ses prouesses lors d’un safari en Afrique datant de 2015. Le couple y présentait fièrement (et tout sourire) les proies majestueuses abattues. Un lion, une antilope, un crocodile, une panthère… En 2019, sans qu’on sache pourquoi, les photos rejaillirent du tréfonds d’Internet, exposées et relayées par des comptes animalistes comme celui du journaliste Hugo Clément. Cette fois-ci, les rôles étaient inversés et le couple devenait la proie d’une meute d’internautes en soif de vengeance. L’affaire aurait pu en rester là, mais le sang animal versé appelait au sang numérique. Sur Twitter, l’animateur Julien Courbet, très investi dans la cause animale, conseillait aux internautes de « passer prendre en photo » le couple sur son lieu de travail, un super U à Arbresle (Rhône). Face à la déferlante médiatique, face aux demandes de boycott, l’enseigne mère se fendait d’un communiqué, se présentant comme « totalement opposée à des activités privées de safari de chasse (…) même si elles relèvent d’activités privées » et annonçait le départ du couple « avec effet immédiat ». La justice populaire des réseaux sociaux avait non seulement parlé, mais momentanément obtenu gain de cause, malgré – quoi qu’on puisse moralement penser de cette pratique – l’absence d’illégalité dans l’action du couple, la chasse étant autorisée et légalement encadrée.

Une perte d’emploi – théorique, car le couple est finalement resté à la tête du magasin Super U qui ne pouvait légalement les forcer à quitter les lieux – qui n’a pas ému Madline Reynaud, présidente de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS). Au Parisien, elle expliquait que « même s’ils chassent sur leur temps privé, on ne peut pas laisser en poste des gérants qui ont de telles pratiques »....