Entretien sur "On marche sur la tête", de Guillaume Bigot et Ghislain Benhessa
Sorti il y a quelques semaines, l’ouvrage coécrit par Guillaume Bigot et Ghislain Benhessa entend mettre au jour les impensés du carcan européen. Entretien autour d’une absurdité historique.
F.P. : Le titre de votre ouvrage met en avant l’aspect absurde de l’UE. Est-ce l’absurdité qui caractérise le mieux l’UE ?
Bigot-Benhessa : Ce n’est pas sa seule marque distinctive, mais elle est profonde. Et elle rejaillit dans tous les domaines, quel que soit le sujet. Le gouvernement français veut expulser ses islamistes en situation irrégulière ? Impossible, au nom du droit européen. Et tant pis pour les attentats et les attaques au couteau. Les agriculteurs crient leur détresse, étranglés par la concurrence déloyale ? Le jour même où une armée de tracteurs roule vers Bruxelles, le Commissaire européen chargé de « bâtir une économie au service des citoyens » – ça ne s’invente pas ! – se réjouit que les accords avec le Mercosur soient « à portée de main ». En clair, que l’Europe ouvre ses portes à une flopée de produits d’Amérique latine non soumis à la réglementation de l’Union et moins chers. Et que dire de l’énergie ? Le marché européen de l’électricité contraint la France, longtemps capable de couvrir ses propres besoins, à importer son électricité. Et à en faire supporter le prix gonflé à ses propres usagers. Belle politique de Gribouille. Mais le plus fascinant, c’est que malgré tout, en dépit du bon sens, à chaque fois qu’un nouveau défi se présente, le slogan est toujours le même : « Plus d’Europe ! » Comme s’il était logique de confier les rênes à ceux qui nous conduisent vers l’abîme.
F.P. : Est-ce le fonctionnement de l’UE ou le projet de construction européenne en lui-même qui est absurde ?
Bigot-Benhessa : Souvent, on entend dire que l’Europe a « mal tourné », que les rêves d’antan ont succombé par trop de mauvaises décisions. Monumentale erreur ! L’édifice a été conçu pour saper la démocratie et détruire la souveraineté des peuples. Dès le départ, Jean Monnet souhaitait que les peuples ne soient pas consultés et que la...