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Extinction de la liberté à l’ère du numérique

Le numérique n’est-il qu’un outil parmi d’autres ou un dispositif de contrôle ? Et si la liberté dans la société digitale était une illusion ? L’humanité ne se serait-elle libérée que pour se réenchaîner ?

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Le numérique ? Le mot est sur toutes les lèvres, utilisé à toutes les sauces : nous sommes entrés dans la société du numérique. À l’école, c’est à marche forcée que l’on fait rentrer le numérique dans les jeunes cervelles. Pas un moment de notre vie n’y échappe et il sera bientôt puni par la loi de n’être pas « équipé » pour le numérique. En plein confinement, le forum de Davos proposait de saisir l’occasion de la pandémie pour effectuer un global reset permettant de réaliser un grand pas en avant vers la numérisation de la société.


Le numérique comme « dispositif »


Mais qu’est-ce que le numérique exactement ? On peut se contenter d’une définition élémentaire : il s’agit d’un ensemble de systèmes de codage des informations sous forme de suites de nombres que l’on enregistre au format binaire sur des supports magnétiques ou sur des « mémoires » informatiques. Ces techniques sont très anciennes, y compris le codage par échantillonnage de tout signal convertible en signal électrique. Mais cette définition purement technique laisse échapper l’essentiel : le numérique n’est pas une technique ni un ensemble de techniques qui, prises chacune isolément, ne présentent aucun caractère particulier.

Le numérique est un dispositif, au sens où Michel Foucault et Giorgio Agamben utilisent ce terme. Soit un ensemble hétérogène qui inclut des techniques, des institutions, des lois, des discours, des propositions philosophiques ou non philosophiques, etc., tous les éléments dont les relations sont relativement stabilisées et qui ont un but stratégique : assurer un certain pouvoir. Le numérique est un projet global qui inclut des réseaux, des appareils électriques comme les ordinateurs ou les téléphones portables, ainsi que des « objets connectés », des règles institutionnelles – par exemple, plus de changement de carte grise aux guichets de la préfecture – ou des entreprises plus globales comme l’ENT (espace numérique de travail) à l’école,...