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Frontières

/2020/10/F


La notion de frontière revêt une double signification, à la fois politique et économique. Au niveau politique, les frontières servent à délimiter le périmètre où prévaut le pouvoir régalien d’un État sur une population et un territoire donnés. Ce pouvoir englobe, outre l’exercice de l’autorité politique, administrative et juridique, le monopole de l’usage de la force armée. Toutefois, si l’on se borne à ne prendre en compte que la seule dimension politique, cette définition du rôle des frontières demeure incomplète. Les frontières comportent également une dimension économique essentielle. Elles servent à désigner un territoire où l’État peut contrôler les flux de biens et services, de capitaux ou de technologies qui circulent entre celui-ci et le monde extérieur. Dans ce second sens, la notion de frontières renvoie à l’exercice de l’activité économique telle qu’elle se déroule dans le cadre national sous la supervision d’un État.

Afin de clarifier la notion de frontières sous l’angle économique, nous opérerons une distinction à un double niveau : celui de la pensée économique et, par ailleurs, celui de la conduite de la politique économique. Au cours de l’histoire, la pensée économique a oscillé entre deux pôles antagoniques : d’une part, le pôle libéral, qui s’est employé à dévaloriser les frontières et, d’autre part, le pôle souverainiste, qui s’est efforcé au contraire de les sauvegarder. Ces écoles de pensée ont modelé deux visions opposées de la conduite de la politique économique : l’une, néolibérale, libre-échangiste et mondialiste et l’autre, souverainiste, qui défend le rôle clé de l’État aux frontières.

LIBÉRAUX CONTRE SOUVERAINISTES 

Adam Smith, père du libéralisme économique, soutint le premier dans La Richesse des Nations (1776) que l’économie reposait sur deux idées essentielles : l’individualisme et l’universalisme. Selon lui, chaque individu, en poursuivant son propre intérêt, ne contribue pas à créer le chaos social, mais favorise l’émergence d’une forme...