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Hôpital

Par Yves Mamou.

/2021/10/H_Hopital


La Covid-19 a pris à contre-pied la stratégie hospitalière menée par l’État (gauche et droite confondues) depuis trente ans. Pour comprendre le désastre, un peu d’histoire est nécessaire.

Depuis le début des années 1990, tous les gouvernements ont considéré que l’hôpital public ne devait plus être synonyme d’hospitalisation. Un patient arrivé le matin devait être diagnostiqué à midi, opéré à 15 heures et déposé à son domicile ou dans une structure de soins de suite le soir même. Ce virage dit « ambulatoire » a nécessité deux techniques.

La première a été financière : la traditionnelle dotation budgétaire a été remplacée par le financement à l’activité (T2A). Plus les patients étaient nombreux à se succéder sur le même lit d’hôpital, plus l’hôpital gagnait de l’argent.

La seconde technique a consisté à supprimer des lits d’hospitalisation. Entre 2000 et 2019, 112 petits hôpitaux – sur un total de 3 120 – ont été fermés. Sur la même période, pour les hôpitaux maintenus en activité, plus de 91 000 lits (20 %) ont été supprimés. Selon l’OCDE1, la France disposait encore en 2019 de 392 600 lits d’hôpital contre 480 000 environ il y a vingt ans.

Cette politique de compression des dépenses a eu trois effets secondaires dévastateurs.

Le premier a été la prolifération des structures de contrôle au détriment des structures de soins : moins de médecins, mais plus de fonctionnaires. Le second a été une chute dramatique du moral des soignants2 : arrêts de travail et grèves d’infirmières et d’internes, démissions (ou menaces de démission) de chefs de service, multiplication des retraites anticipées, postes qui demeurent vacants… Les suppressions de lits dans certains hôpitaux sont aujourd’hui autant la conséquence d’une pénurie de personnel soignant qu’un choix administratif. Enfin, troisième effet, la politique de réduction des coûts a entraîné un sous-investissement dans la recherche biomédicale :...