La gauche (im)morale : le vrai-faux
Front Populaire s'est penché sur quelques idées reçues sur la gauche, ses racines intellectuelles et son histoire, pour démêler le vrai du faux.
Il y a de multiples courants au sein de la gauche : VRAI
Réduire la gauche à ses manifestations politiques institutionnelles (du PS à la NUPES) est au mieux un raccourci, au pire une faute d’analyse. Le continent intellectuel « gauche » a toujours été un vivier de pensée prolifique et stimulant (qu’on y adhère ou pas). L’histoire politique permet de distinguer avec Michel Winock, chronologiquement et sur le plan politique, une gauche républicaine, une gauche socialiste, une gauche communiste et une ultragauche (1). Sur le plan intellectuel, Jacques Julliard distingue une gauche libérale, une gauche jacobine, une gauche collectiviste et une gauche libertaire (2). Mais au sein des courants radicaux, on peut distinguer le communisme orthodoxe (marxisme-léninisme), le trotskisme, le maoïsme et l’anarchisme, les trois derniers étant considérés par le premier comme « gauchistes ».
Dans son acception générale, le gauchisme regroupe les mouvements révolutionnaires de gauche offrant une alternative au communisme orthodoxe. Certains voient dans cette alternative la vraie gauche (3), là où d’autres y voient la « maladie infantile du communisme (4) ». Ainsi, les vainqueurs de cette histoire intellectuelle – Alain Badiou, Toni Negri, Slavoj Zizek… – monopolisent-ils le drapeau de la « gauche radicale », mais il existe en marge à la fois de l’extrême gauche orthodoxe (communiste) et du « gauchisme », une ultragauche (5) antiléniniste, antistalinienne, antitrotskiste et antimaoïste qui considère que les bolcheviques ont remplacé la dictature du prolétariat par la dictature sur le prolétariat. C’est dans ces marges de l’ultragauche, à mi-chemin entre la politique et l’art, que végètent des visions alternatives du monde, souvent riches de propositions politiques concrètes (6). Antiautoritaire et libertaire, cette ultragauche promeut un modèle décentralisé et autogestionnaire, à travers diverses branches : le conseillisme (Otto Rühle, Anton Pannekoek, Cornelius Castoriadis, Claude Lefort…), le situationnisme (Guy Debord, Raoul Vaneigem…), le socialisme libertaire (Proudhon, Orwell, Camus…) ou le communisme...