La tyrannie des minorités : le vrai-faux
Comme dans chaque numéro de la revue Front Populaire, Maxime Le Nagard trie les idées reçues et démêle le vrai du faux.
Les institutions européennes sont un nid à lobbyistes : VRAI
Deux villes sont considérées comme les capitales mondiales du lobbying : Washington et… Bruxelles ! Les couloirs du Parlement européen sont surpeuplés de « consultants en affaires publiques » et de « représentants d’intérêts ». Un business estimé à au moins 3 milliards d’euros par an (1). Ils sont près de 25 000 au Parlement européen et peuvent rencontrer librement les eurodéputés. Pour favoriser la transparence, l’Europarlement a créé en 1995 un registre des lobbyistes. La Commission européenne a suivi en 2008 et les deux instruments ont fusionné en 2011 pour devenir le « registre européen de transparence ». Ce registre (2) a été réformé en 2021 pour y intégrer le Conseil de l’Union européenne et compte à ce jour plus de 12000 groupes d’intérêt. Ces derniers peuvent théoriquement être contrôlés par le secrétariat du registre (3), mais l’inscription des lobbies au registre demeure facultative (4). Résultat ? En 2015, l’ONG Transparency International publiait un rapport sur l’encadrement du lobbying dans dix-neuf États européens et concluait qu’« aucun pays et aucune institution de l’Union européenne ne s’est doté d’un cadre satisfaisant en matière de traçabilité de la décision publique, d’intégrité des échanges et d’équité d’accès aux processus de décision publique (5) ». On aurait tort d’établir une stricte équivalence entre le lobbying et la corruption d’une manière générale. Le lobbying est une pratique qui peut être contestée intellectuellement, mais elle est légale puisqu’elle n’implique pas la contrainte. Quand le corrupteur contrôle, le lobbyiste se contente d’essayer d’influencer. Une fois cette distinction établie, le malaise demeure, car le glissement de l’un à l’autre est toujours possible. Si la corruption est pénalement répréhensible, le lobbying n’est soumis qu’à un régime d’autorégulation volontaire défini sur la base de « chartes éthiques ». Et s’il est normal pour un groupe d’intérêt de chercher à...