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Le Rond-point : Livres

Par Maxime Le Nagard.

/2023/09/16_LIVRES


Sur l’islam - Rémi Brague

On dit beaucoup de choses « sur l’islam », le plus souvent des bêtises. Connaisseur de son objet, Rémi Brague tente ici de trier le bon grain de l’ivraie.

Sur l’islam, donc. Oui, mais lequel ? L’islam comme rapport particulier au divin ? L’islam comme religion prêchée par Mahomet dans l’Arabie du VIIe siècle ? L’islam comme civilisation courant géographiquement de la Mauritanie à l’Indonésie ? L’islam comme ensemble de peuples ? « Il est important de pratiquer ces distinctions car bien des malentendus se produisent quand on les néglige », note Rémi Brague. Faut-il, sur la base de cette diversité – qu’on pourrait complexifier encore nettement en distinguant non seulement sunnisme et chiisme, mais leurs branches internes respectives – renoncer à parler de l’islam, au risque de commettre le péché de l’essentialisme ? Non, car chercher l’essence des choses est le propre de la pensée en général et de la philosophie en particulier. « Un plaidoyer pour un essentialisme réfléchi est donc parfaitement légitime », note l’auteur. Quitte à risquer de passer pour « islamophobe » ? Rémi Brague fait un sort à cette insulte en début d’ouvrage, arguant qu’en plus de ne vouloir à peu près rien dire, elle est le plus souvent le masque d’un ethnodifférentialisme inconscient. Penser que l’islam ne serait pas assez solide pour supporter une critique érudite et argumentée est une forme de mépris paternaliste qui fait d’ailleurs écho à l’inventeur même du terme « islamophobie », le fonctionnaire colonial français Alain Quellien.

Un livre de combat érudit

Toujours calme et mesuré, un brin provocateur, Rémi Brague n’a pas renoncé à sa rigueur historique et philologique. Toutefois, on décèle chez lui un brin d’agacement et le souci de livrer un ouvrage honnête, mais un ouvrage de combat. Le livre est ainsi divisé en quatorze chapitres que l’on pourrait regrouper en trois parties : une première, généraliste, qui...