Le vrai-faux de la droite et de la gauche
AFFIRMATION 1 : Le souverainisme est un marqueur de droite
FAUX
Il ne faut pas confondre souveraineté et souverainisme. La souveraineté est un concept politique consacrant le pouvoir décisionnel absolu (au moins depuis Jean Bodin). Elle est née dans le champ de l’Église (à la suite de la réforme grégorienne ayant entraîné la querelle des Investitures) pour basculer ensuite, par rivalité mimétique, du côté de l’État moderne via un long processus de sécularisation 1. Le souverainisme, comme son suffixe l’indique (isme), est une idéologie. Elle apparaît au Québec dans les années 1960 pour traduire l’aspiration à la souveraineté du peuple québécois au sein de l’ensemble canadien dominé par le monde anglo-saxon2. Le terme est importé en France à la fin des années 1990 par des personnalités gaullistes comme William Abitbol et Paul-Marie Coûteaux pour contester la supranationalité défendue par les partisans du traité de Maastricht (1992). Abitbol est un ancien militant nationaliste, Coûteaux un ancien socialiste. On trouve à la même époque chez les souverainistes des personnalités de droite comme Charles Pasqua et Philippe de Villiers, ou de gauche comme Jean-Pierre Chevènement. À ce titre, le souverainisme est difficilement soluble dans le clivage droite-gauche.
Source :
1- Ce que Bernard Bourdin nomme le « paradoxe de la médiation ». Voir Jacques Sapir et Bernard Bourdin, Souveraineté, nation et religion, éd. du Cerf (2017). 2- D’où la déclaration de Charles de Gaulle au balcon de l’hôtel de ville de Montréal, en 1967 : « Vive le Québec libre ! ».
AFFIRMATION 2 :La nation est une notion de gauche
VRAI
En tant que tel, le terme « nation » est ancien puisqu’il apparait dans la Bible1. Dans l’histoire moderne française, il prend toutefois racine à gauche dans l’expérience révolutionnaire puisque c’est la Révolution française qui couronne la nation comme substitut à la figure royale. L’abbé Sieyès définit à l’époque la nation comme...