Maoïstes
Entre 1968 et 1973, les maoïstes français forment une poignée d’adeptes du modèle chinois. Parmi eux, des anonymes sincères et quelques leaders enragés voués à faire carrière.
En France, le mouvement maoïste, qui naît au début des années 1960 et n’a guère compté plus de 7 000 militants au plus fort de son succès, est lié à deux événements historiques à la portée et au contenu très différents : la Révolution culturelle chinoise initiée en 1966 par Mao Zedong, qui en constitue l’inspiration doctrinale, et mai 68, qui en a été dans une certaine mesure le champ d’application local. Les quatre piliers du mouvement sont alors la volonté d’appliquer en France le modèle chinois, la défense d’une position tiers-mondiste (indissociable alors des luttes anti-impérialistes), une approche résolument populiste et un antisoviétisme virulent.
L’enquête et l'établissement
Le maoïsme prendra corps successivement à travers diverses organisations. En 1968, il est principalement représenté par l’Union des jeunes communistes marxistes-léninistes, UJC (ML), dirigée entre autres par Robert Linhart et Benny Lévy – lequel, à l’automne de la même année, fondera la Gauche prolétarienne (GP), avec le double mot d’ordre « prolétarisation et militarisation ». Un état d’esprit dont on comprend vite qu’il diffère passablement de celui de Daniel Cohn-Bendit et ses amis ! De fait, lorsque les premiers épisodes de la révolte éclatent, les maoïstes ne se précipitent pas dans la mêlée : ils se méfient de ces chahuts de fils de bonne famille, ils y voient un mouvement bourgeois répondant à une probable manipulation gaulliste. L’UJC (ML) condamne l’occupation de Nanterre du 22 mars et donne pour consigne à ses militants de ne participer à aucune manifestation. Après un temps d’observation, les maos finiront par rejoindre le mouvement, mais du côté ouvrier. Ils seront ainsi les premiers à organiser une manifestation de soutien aux travailleurs en grève de Renault-Billancourt (même s’ils sont mal reçus par ces derniers) puis participeront à d’autres occupations d’usines, comme celle de Renault à Flins qui, le 7 juin, verra un...