Révolution sexuelle
La révolution sexuelle est un des grands symboles issus de la culture de mai 68. Qu’implique l’injonction à « jouir sans entraves » ? La pensée d’Herbert Marcuse permet de nous éclairer.
Mai 1968 ne fut sans doute pas une révolution sociale, mais on s’accorde souvent pour y voir la manifestation, au grand jour, d’une révolution sexuelle. Libération des mœurs, reconnaissances des droits des femmes et des homosexuels, tels seraient les principaux traits de cette révolution sexuelle très largement acceptée de nos jours. À cette révolution, on associe souvent le nom d’Herbert Marcuse, philosophe allemand et membre éminent de l’école de Francfort.
Choquer le bourgeois ?
Sur le plan de l’évolution des mœurs, mai 1968 joue un rôle moins important qu’on ne l’a dit. La morale bourgeoise était mise en accusation depuis bien longtemps. Léon Blum, dans un essai sur Le Mariage (1905), défendit le droit pour les femmes d’avoir des expériences sexuelles avant le mariage, à l’égal des hommes. Avec le succès rencontré par la psychanalyse freudienne, la sexualité n’est plus un tabou. La Révolution russe de 1917 introduisit, au moins dans les villes, des transformations de la vie quotidienne. Alexandra Kollontaï, première femme à la tête d’un ministère, défendit la nécessité d’une révolution sexuelle. L’avènement d’un « homme nouveau » demande celui d’une « femme nouvelle ». Il ne s’agit pas seulement de l’égalité civile des hommes et des femmes, mais d’une transformation radicale du rapport amoureux lui-même. En Allemagne, Wilhelm Reich, psychanalyste et communiste, créa une association spécialement dédiée à la sexualité, Sexpol. Il écrivit La Lutte sexuelle des jeunes (1932), un texte d’abord diffusé sous le manteau en France dans les milieux trotskystes un peu avant 1968…
Qu’en 1968 la morale puritaine bourgeoise soit passée de mode, la littérature et le cinéma de la Nouvelle Vague l’attestent. Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre offraient à toute une génération l’exemple d’une vie libérée du carcan du mariage bourgeois. En 1966 et 1972, la revue Partisans, éditée par François Maspero, consacra deux numéros à...