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Souveraineté : quels enseignements tirer du chaos péruvien ?

Le Pérou est aujourd’hui plongé dans une grave crise institutionnelle commencée le 7 décembre 2022 suite au renversement du président Pedro Castillo ; une opération menée conjointement par l’armée et l’opposition parlementaire. Voici comment un Président souverainiste, élu démocratiquement à la tête de son pays, a été déposé puis emprisonné.

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Issu d’une famille de paysans pauvres de Cajamarca (nord-Pérou), Pedro Castillo fait des études en psychologie éducative à l’université César Vallejo qui lui permettent en 1995 de devenir maître d’école. Il s’engage dans les mouvements syndicaux et devient, lors des grèves enseignantes de 2017, l’une des figures majeures de la mobilisation. Décidant de capitaliser sur cette notoriété nouvelle, il se présente en 2021 (avec Dina Boluarte comme colistière) aux élections présidentielles sous la bannière du Partido político nacional Perú libre (PPNPL) dont la ligne idéologique est développée dans Perú libre. Ideario y programa (2020) de Vladimir Roy Cerrón Rojas. Ce texte, un manuel politique de 77 pages, définit les bases du programme comme : « démocratique, anticentralisation, internationaliste, inclusif, souverainiste, humaniste et anti-impérialiste1. » Suivant cette ligne, l’auteur propose la convocation d’une Assemblée constituante en vue de rédiger une nouvelle Constitution pour le pays2 – c’est donc sur ce texte que se reposera Pedro Castillo lors de sa campagne qui l’amènera, le 6 juin 2021, avec 50,13 % des voix, à être élu président constitutionnel de la République du Pérou. Il s’impose ainsi face à la candidate d’extrême droite Keiko Fujimori, dans un pays historiquement conservateur et tenu par les États-Unis.


Une élite pro-USA


Il faut rappeler que de 1990 à 2000, le père de Keiko Fujimori, Alberto Fujimori, a été président de la République du Pérou. Au cours de cette période, outre sa politique économique libérale en faveur des États-Unis d’Amérique, il a mené une politique de stérilisation forcée sur 300 000 Amérindiennes afin de limiter leur population, ce qui lui a valu un procès (toujours en cours) pour crime contre l’humanité. On peut ajouter à son bilan vingt-cinq années d’emprisonnement pour les massacres de La Cantuta et de Barrios Altos, en plus des diverses condamnations pour corruption et espionnage. Les enfants...

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