Les Nouveaux Philosophes sont un courant intellectuel, médiatique et éditorial français issu de l’extrême gauche maoïste et critique du totalitarisme qui apparaît au milieu des années 1970, incarné en particulier par André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy. La première chose à dire est que, bien qu’on ait tendance à l’oublier, le mouvement de la Nouvelle Philosophie, est né de la mort de la Gauche prolétarienne (GP), le célèbre groupe clandestin d’inspiration maoïste héritier du mouvement de mai prenant la décision de s’autodissoudre en novembre 1973.

Deux courants émergent alors : d’un côté celui d’Alain Badiou, qui à l’occasion de mai 68 s’est radicalisé en passant d’une gauche sociale-démocrate au maoïsme le plus radical (voir « Alain Badiou »). Badiou dirige alors l’Union des communistes de France marxiste-léniniste (UCFml) et refuse, pour sa part, de remettre en cause les principes du marxisme : la révolution reste à l’ordre du jour. Quant à la démocratie, ce n’est qu’une illusion et un outil de propagande du capitalisme. De l’autre, celui d’André Glucksmann (à l’époque militant maoïste) qui prône un droit d’inventaire sur le marxisme (notamment sur la question de la violence « accoucheuse de l’Histoire ») allié à une critique du totalitarisme et une revalorisation de la démocratie tout en revendiquant un ancrage à gauche. C’est dans ce contexte que Glucksmann publie La Cuisinière et le mangeur d’hommes (1975). Le sous-titre est clair : Réflexions sur l’État, le marxisme et les camps de concentration. Glucksmann établit un parallèle entre nazisme et communisme. B.-H.L. lui consacre une recension élogieuse dans Le Nouvel Observateur du 30 juin 1975.

Dans un dossier des Nouvelles littéraires du 10 juin 1976, B.-H.L. surnomme ses propres auteurs Grasset « les nouveaux philosophes ». Entre-temps, la version française de L’Archipel du goulag (1974) d’Alexandre Soljenitsyne vient de paraître. La vague de l’antitotalitarisme est lancée, avec, en parallèle,...