Mai 68, droit d'inventaire

En 1968, ils contestaient le pouvoir. Depuis les années 1980, ils sont le pouvoir. Daniel Cohn-Bendit, Serge July, Alain Geismar, Michel Field, Bernard Guetta, Romain Goupil... sont les visages connus d’une génération de jeunes révolutionnaires devenus bourgeois installés. À l’époque, on pouvait être communiste pour rire comme Bernard Kouchner, maoïste pour rire comme Gérard Miller, trotskyste pour moins rire comme Edwy Plenel... Autant de petits ruisseaux idéologiques voués à la grande rivière de la carrière. Banals aléas biographiques ? Si seulement ! La « génération 68 », en travaillant à son propre avancement, aura surtout œuvré au déclin de la France. Amorçant l’ère post-gaullienne, elle a été le porte-étendard d’une éthique permissive qui amorce aujourd’hui son reflux. Il faut dire que dans une France en crise, les prophètes de la transgression et de l’ouverture n’ont plus le vent en poupe. La nouvelle génération dénonce l’insécurité, le chômage, la pollution et les « porcs » tous azimuts. Mais qui a construit la porcherie ?